Imaginez la scène : vous allumez votre radio un beau lundi matin en vous disant que vous allez écouter la douce voix de Mateusz, votre animateur favori, décryptant les mystères de la pop culture ou les sujets sociétaux qui agitent le monde… mais à la place, c’est un robot qui vous parle ! Oui, un robot ! Eh bien, c’est exactement ce qui est arrivé aux auditeurs de Off Radio Kraków, une station polonaise qui, dans un élan de modernité un poil trop zélé, a décidé de remplacer ses animateurs par… des avatars IA. Spoiler alert : ça ne s’est pas passé comme prévu !
Le coup de théâtre radiophonique
Dans un grand show digne d’un épisode de Black Mirror, Off Radio Kraków s’est lancée dans un projet expérimental la semaine du 21 octobre, en confiant ses émissions à trois avatars virtuels censés incarner la Gen Z et ses préoccupations : Emilia, 20 ans, spécialiste de la culture pop ; Alex, 23 ans, décodeur des questions d’identité et de culture queer ; et Jakub, 22 ans, le pro de la tech et de la musique. Chaque jour, chacun d’eux animait deux heures d’antenne, prenant des airs de « coolitude » générationnelle, avec mission de mener des interviews avec des célébrités culturelles et autres intellectuels. Autant dire que l’objectif était clair : moderniser l’image de la radio… ou du moins essayer.
Mais là où l’innovation est souvent bien accueillie, ici, c’est une avalanche de critiques qui a surgi, venant du public mais aussi d’un ancien journaliste de la radio qui, lui, n’a pas vraiment trouvé ça drôle. Mateusz Demski, ce journaliste déchu (et très en colère), a publiquement annoncé qu’il avait été viré pour être remplacé par ces fameux avatars IA. En quelques clics et posts incendiaires sur Facebook, l’affaire a pris une tournure dramatique, avec une bonne grosse dose de malaise en prime.
Une IA aux commandes ? Oui, mais pas trop, apparemment
Là, ça devient croustillant. Mateusz Demski n’a pas seulement révélé avoir été mis à la porte, il a aussi balancé une info qui a choqué plus d’un auditeur : une douzaine de journalistes et de créateurs de contenu avaient été remerciés juste avant que l’annonce des avatars IA ne soit faite. Bref, derrière cette « innovation », il a surtout vu un vaste licenciement déguisé en progrès technologique. Et c’est là qu’il a sorti l’artillerie lourde : une lettre ouverte, un appel au boycott, et même une pétition qui, à ce jour, compte plus de 24 100 signatures. Il n’a pas juste tapé du poing sur la table, il a littéralement renversé la table.
Pour Mateusz, l’IA a beau être super pour répondre à des questions existentielles du type « Qui a volé mon sandwich dans le frigo ? » ou « Pourquoi les chats sont-ils aussi supérieurs aux humains ? », elle n’est tout simplement pas équipée pour aborder des sujets sérieux comme la culture, l’art ou les droits civiques. Selon lui, rien ne vaut la touche humaine pour parler des émotions et des valeurs qui comptent dans la vraie vie. Autant dire que le projet de la radio s’est heurté à une vague de contestations plus forte que le coup de boost du matin au café serré.
Du ministre au grand public, tout le monde s’y met !
Ce n’est pas seulement le public qui s’est mis à critiquer cette lubie technologique. Le ministre polonais de la Numérisation, Krzysztof Gawkowski, a aussi eu son mot à dire. Dans un tweet bien senti, il a déclaré qu’il était grand temps d’établir des règles pour encadrer l’utilisation de l’IA dans les médias. « Oui, l’IA c’est bien, mais de là à remplacer des êtres humains par des robots, faut pas pousser mémé dans les orties », semblait-il penser en substance. Il a même rappelé l’importance de mettre l’IA au service des humains, pas contre eux. Ah, si les IA pouvaient comprendre la notion de dignité humaine, on n’en serait pas là !
L’expérience IA : un bide au box-office radiophonique
Face au tollé médiatique et aux plaintes d’auditeurs probablement traumatisés d’entendre des voix métalliques disserter sur l’identité de genre ou la dernière tendance TikTok, Off Radio Kraków a décidé de faire marche arrière. En à peine une semaine (au lieu des six mois prévus), la station a mis fin au projet en affirmant fièrement : « Nous avons recueilli tant d’observations et de critiques constructives que nous avons jugé inutile de poursuivre ». Autrement dit, ça a tellement mal tourné qu’ils ont préféré tout arrêter.
Les grands patrons de la radio ont même admis qu’ils partageaient finalement les inquiétudes du ministre concernant la place de l’IA dans les médias. Comme quoi, parfois, il suffit d’un petit scandale pour ramener un peu de bon sens. Alors voilà, au terme de cette expérience ratée, on est en droit de se poser une question existentielle : l’IA peut-elle vraiment remplacer l’humain ? En tout cas, pour Off Radio Kraków, la réponse semble être non. L’authenticité, la spontanéité, et un brin d’humour, ça ne se code pas… du moins, pas encore !
Alors, chers auditeurs de Off Radio Kraków, la prochaine fois que vous entendrez une voix humaine dans votre poste, prenez un instant pour savourer ce petit plaisir simple. Parce qu’à force de jouer avec les robots, on en oublie parfois que, dans le fond, rien ne vaut un vrai animateur en chair et en os – même s’il nous parle de la météo ou des embouteillages du matin.
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